Etienne Courcelle

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« Submersion ! soumission ! Que le plaisir sacré t’inonde, sa demeure ! Et la jubilation très forte est dans la chair, et de la chair dans l’âme est l’aiguillon. (…) L’amour en mer brûle les vaisseaux. Et toi, tu te complais dans la vivacité divine, comme l’on voit les dieux agiles sous l’eau claire, où vont les ombres dénouant leurs ceintures légères… »

SAINT-JOHN PERSE « Étroits sont les vaisseaux », in Amers.

L’œuvre d’Etienne Courcelle est sans conteste placée sous le signe du plaisir. Sentiment partagé sous toutes ses formes, plaisir du corps et de l’esprit, plaisir des sens et de la chair, plaisir de la contemplation et de la praxis. Né en 1942, diplômé de l’école Estienne et de l’école des Arts décoratifs de Paris, il expose, à partir des années 90, en France et à l’étranger, ses toiles, dessins et, depuis peu, sculptures, véritables éloges de la Nature dans ce qu’elle a de plus mystérieux et sauvage. Ses grandes passions, la mer et sa faune, la femme et sa flore, s’unissent dans sa peinture, se confondent dans la couleur, sous l’égide de l’enthousiasme dionysiaque. Ivresse des sens, fureur du trait, refus des contraintes académiques, Etienne Courcelle se moque des cadres préconçus et échappe de la sorte à toute velléité taxinomique. L’essentiel réside dans la possibilité de transposer et transmettre la sensualité euphorique qui anime ses productions en jouant avec les motifs, les matières, les agencements. Femmes désirantes et désirables, mutines ou prudes, paysages et animaux habités par des forces lumineuses, le monde ainsi révélé semble empli d’une vigueur peu commune, chargé de tensions troubles. Dans l’exubérance, l’indicible n’est pas loin, et le voile qui parfois tombe sur l’œuvre n’est pas sans équivoque. Les visages sont effacés, les corps recouverts de masques, les figures passent sous le filtre du pigment… Aucune évidence ne peut subsister, si ce n’est celle de la puissance d’évocation d’une nature érotisée, libérée des contraintes de la réalité pour s’épanouir dans l’imaginaire et la perte, dans la dépossession de soi-même et la violence de la couleur.

Henrique Martins-Duarte

There can be no doubt that pleasure is the guiding principle in the work of Etienne Courcelle – pleasure of the body and of the mind, of the senses and the flesh, of contemplation and of movement, pleasure all its forms. Born in 1942, a graduate of the Ecole Estienne and of the Ecole des Arts Décoratifs de Paris, Etienne Courcelle has exposed since the 1990s, both in France and abroad, his paintings, sketches and sculptures.His great passions, the Ocean et Women, come together in his paintings to produce a dyonisiac celebration of color and form. Refusing pre-conceived notions and academic constraints, Etienne Courcelle plays with form, matter and disposition in order to transpose and transmit the euphoric sensuality characteristic of his creations.Women in love and loveable women, brazen or prudish, landscapes and animals charged with luminous forces : the world of Etienne Courcelle displays / reveals an exceptional vigor and troubling tensions. If the exuberance of expression hints at a revelation of the ineffable, the veil which often falls over the work has its share of ambiguity. Bodies that are so many masks, faces that have no faces : the filter of paint transforms reality into an eroticized nature opening onto a world of imagination and loss where, in a riot of color, the self is depossessed of the self.